Le Drop Shipping est une pratique économique qui consiste à vendre un bien qu’on n’a pas physiquement en stock et à le faire livrer directement par le fournisseur au client final.
Très populaire aux Etats-Unis, le Drop Shipping trouve surtout ses lettres de noblesse en Chine et plus généralement en Asie.
Pourquoi le Drop Shipping est souvent vu comme un « gros mot », le « bas de gamme du e-commerce » alors que des milliers de sociétés les plus importantes du e-commerce font appel à lui ?
Retour sur cette pratique de plus en plus populaire mais trop méconnue et injustement dénigrée.
Ebay : pionnier du Drop Shipping
Le concept même du Drop Shipping a sans doute été élaboré dès 1995 par Ebay aux Etats-Unis.
En effet, Ebay est le premier a s’être lancé dans un mode 100% 0 stock en faisant le pari de créer une communauté d’acheteurs et de vendeurs. Communauté qui de plus s’auto-régule avec un système d’évaluations, la place de marche n’agissant qu’en simple tiers de confiance et en garantissant la qualité des produits et services échangés grâce notamment à son partenariat avec PayPal.
Cependant, Ebay est plutôt vu comme une plateforme d’échange d’objets d’occasion et assez peu sur du produit neuf. Les origines du Drop Shipping sont donc plutôt ancrées dans le 2C2 (Customer To Customer) et le principe de vendre des produits neufs pour le compte d’un tiers ne vient qu’après.
La personnalisation démocratise le Drop Shipping
Au début des années 2000, l’entreprise allemande Spread Shirt lance un site qui permet aux particuliers et aux professionnels de personnaliser des objets (t-shirts, porte-clés, etc…).
Spread Shirt permet aussi de créer sa propre boutique personnalisée et donc de vendre sous son propre nom des produits que l’entreprise fabrique et expédie au client final. L’opérateur du site, peut soit vendre des modèles proposés par Spread Shirt, soit proposer ses propres créations. Une manière de lancer sa marque sans avoir à constituer de stock ! Quelques success-stories se sont révélées grâce à ce genre de pratiques.
Dans le même genre, on peut évoquer Envato, qui propose plusieurs marketplaces de produits digitaux à télécharger (templates de sites, logos, musiques, etc).
En somme, la personnalisation est parfaitement adaptée au Drop Shipping. En « back office », on a une unité de production qui achète des produits bruts et les transforme à la demande de ses clients revendeurs en les personnalisant avec ses images et formes souhaitées pour les expédier directement aux clients finaux.
Côté B2B, on peut également citer l’exemple d’Exaprint qui, dans son cas, a complètement délocalisé la problématique de la production puisqu’en propre, l’entreprise ne possédait à l’origine pas de machine de production. Elle négocie avec d’autres imprimeries le fait de faire produire chez elle et d’expédier en son nom à ses clients. Exaprint peut ainsi se concentrer sur son expérience client notamment avec son kit revendeur, la recherche de nouveaux fournisseurs « exclusifs » comme les logos végétaux sur lesquels elle a été pionnière et la qualité de service qu’elle rend par rapport à ses concurrents qui paraissent souvent inaccessibles en raison des problématiques liés à la création de fichiers pour l’impression.
Quand le Drop Shipping tourne mal
A l’inverse, Zlio, entreprise française pionnière également sur le Drop Shipping dans nos contrées, a du fermer ses portes en 2011 alors qu’elle avait levé des millions notamment auprès de Skype.
La raison ? Le duplicate content. Au lieu de se focaliser sur une seule boutique alimentée par divers fournisseurs, Zlio a fait le pari de multiplier le nombre de boutiques afin que celles-ci, positionnées sur des secteurs de niche, réalisent pour son compte du chiffre d’affaires.
Google a bien entendu attribué une énorme pénalité à la société qui ne s’en est pas remis.
Rendez-vous compte : en 2011, Zlio comptait plus de 380 000 boutiques, soit pratiquement autant que de boutiques opérationnelles en France en 2017 ! 380 000 contenus dupliqués.
Le modèle était clairement novateur et brillant mais malheureusement trop dépendant du référencement naturel.
La recette du succès du Drop Shipping
Alors, comment faire pour faire du Drop Shipping et réussir ? La recette est la même que pour la plupart des success stories sur le secteur. Il faut se positionner sur une niche, créer et animer une communauté, se démarquer de ses concurrents et proposer un service client impeccable.
Ce n’est pas parce que le site n’expédie pas directement qu’il expédie des produits de mauvaise qualité. En fait, le Drop Shipping rend service au client final puisqu’il permet de limiter des coûts inutiles (transport depuis le fabricant vers une plateforme logistique, mise en stock, sortie du stock, expédition,…) et des intermédiaires gourmands qui font augmenter le prix du produit à la fin.
Dans une économie qui se veut de plus en plus « logique » et collaborative, il y a fort à parier que ce nouveau mode de commercialisation a de beaux jours devant lui, à condition bien sûr que la chaîne logistique et les flux soient maîtrisés et régulés.